15/03/2018

Les petites phrases cocasses et caustiques Vol.1



Bienvenue dans le monde merveilleux du commerce. Un monde fait de sourires et d'argent, où il existe plusieurs types de clients. Le plus habituel, c'est le modéré, qui cherche plus ou moins un produit précis (ou en tout cas qui connaît souvent certaines choses), mais qui écoute tout de même les conseils qu'il reçoit pour faire son choix (et s'instruire un peu, par la même). S'engage alors presque systématiquement, avec ce genre de personne, une relation de respect mutuel. Le courant passe, tout va bien... Malheureusement, il existe également bien d'autres sortes de clients ; le forcené du petit prix, le fanatique du bio-bien-bon, le têtu, le curieux éternel, l'ignare qui croit savoir, et j'en passe!

Aujourd'hui, je prends ma revanche sur tous ceux là, en vous rapportant quelques interactions les plus cocasses et caustiques subies au cours de ma carrière. Quel méchant caviste je fais, me direz-vous. "Il ne faut pas se moquer, les gens sont comme ils sont, blablabla..." En fait, peu m'importe! Et justement, c'est l'occasion de poser, clairement, les explications aux interrogations les plus hasardeuses croisées jusqu'ici. Même si je sais très bien que cela ne suffira pas à les faire disparaître définitivement. Évidemment, la satire un brin acidulée que vous percevrez entre ces lignes pimente un peu les choses... Il faut bien que je me défoule aussi! Aller, rentrons maintenant dans le vif du sujet, bonne lecture à tous!

Note : si vous vous reconnaissez dans ces quelques citations, sachez que ce n'est pas si grave. Les cavistes et les sommeliers sont là pour vous répondre, quoi qu'il arrive! Et puis, ces mêmes lignes vous permettront, certainement, de mieux saisir le côté cocasse de ces situations, lorsque l'on se trouve de l'autre côté de la barrière du moins.


Cas n°1 :

Client(e) "Auriez-vous un bon vin rouge?

Franc-Gourmet - Arf... C'est vraiment dommage! Le dernier vient justement d'être vendu. Il ne nous reste plus que de la piquette!"

Question bête, réponse bête, ça peut arriver à tout le monde, ceci dit.


Cas n°2 :

Client(e) "Pourquoi certains vins sont-ils aussi chers?

Franc-Gourmet - Parce qu'il existe des gens pour les acheter."

Bon... En vrai, il y a de plus profondes explications à cela, et heureusement : le cahier des charges exigeant de certains crus, les modes de production choisis (le rendement, le travail effectué à la vigne, mais aussi celui fait dans les chais), la taille du domaine, la renommée de la maison, la rareté des vins produits, etc... Les raisons de la hausse des prix sont potentiellement nombreuses, vous l'aurez compris. La bonne question à poser serait donc plutôt : "Pourquoi CE vin, en particulier, est aussi cher?" Là, ce serait bien plus intéressant, et pertinent.


Cas n°3 :

Client(e) "Je n'aime pas les vins qui me font mal à la tête.

Franc-Gourmet - Ah bon? Moi j'adore! Je ne bois d'ailleurs exclusivement que ceux-là!"

Oui, je sais, c'est à ce moment là que vous me déballez le fameux coup (inévitable) des sulfites, véritable mal incarné du 21ème siècle (qui est employé pourtant depuis des lustres... Je ne dis pas que c'est bien, attention, juste que c'est... Un peu tard peut-être?). Ce qui est très cocasse, notamment, c'est que ces intrants (effectivement nocifs seulement à TRÈS forte dose), présents plus ou moins modérément dans le vin (pour lequel le soufre est un conservateur stabilisant, juste pour info), se retrouvent avant tout dans l'ensemble de l'alimentation industrielle que nous ingérons (eh oui! Moi aussi!) chaque jour. Sauces préparées, fruits et légumes secs, jus, pâtisseries, pâtes, céréales, etc... Il y en aura pour tout le monde, je ne vous rassure pas!

Alors, avant de penser que vous êtes intolérant(e) aux sulfites (allergie plutôt rare, qui plus est) à cause du vin, regardez un peu tout ce que vous consommez de bien plus mauvais à côté. Et surtout : foutez donc la paix aux petits producteurs de vins, qui n'ont déjà pas le droit de promouvoir leurs produits dans l'espace public (oui, la loi Française est "bien" faite...). La plupart travaillent correctement et consciencieusement, près de leurs terres, et ce n'est certainement pas un label bio européen (de plus, très laxiste) qui le détermine, ça (d'ailleurs, préférez vous fier aux labels et chartes privés, étonnamment souvent plus exigeants). Discutez avec les professionnels du sujet, informez-vous auprès des producteurs (sans vous affoler dès que vous ne voyez pas de feuille verte sur une étiquette), et tout se passera bien.

Pour ceux que le sujet intéresse davantage, je vous conseille vivement ce site (qui vous parlera essentiellement du vin, mais pas que, justement) : lessulfites.com. Fin de la grande parenthèse sur ce sujet, nous aurons certainement l'occasion d'y revenir prochainement.


Cas n°4 :

Client(e) "Est-ce que c'est grave si je bois un vin sucré avec ma fondue savoyarde?

Franc-Gourmet - Je dirais que si vous voulez tuer un diabétique, c'est effectivement un bon moyen d'y parvenir..."

Un cas typique de saison hivernale! Ma réponse va chercher un peu loin, je l'admets. Comprenez donc par là : faites n'importe quoi si vous voulez, tant que personne n'en meurt... Bien entendu, préférez tout de même un vin (blanc, idéalement) sec, qui apportera un côté rafraîchissant à ce style de plat lourd et rustique. Le vin sucré (blanc, rouge, bleu, vert, bref peu importe lequel) n'est clairement pas approprié dans cette recherche de l'équilibre entre un met et la boisson qui l'accompagne. Je pense que c'est clair! Et même combat pour la raclette ou la tartiflette, pour les petits malins qui feraient mine de ne pas avoir compris...


Cas n°5 :

Client(e) "Que pensez-vous du Champagne Dom Pérignon?

Franc-Gourmet - Ah! La limonade à 150€ ? Très bien, très bien..."

Dernière leçon du jour : une grande marque (d'autant plus en Champagne) n'est pas synonyme systématique d'un grand vin. Ce n'est ici, bien entendu, qu'un exemple parmi tant d'autres. Il s'agit d'une philosophie de vie, certes, mais aussi de la réalité de la dégustation. Regardez donc le nombre de dégustations professionnelles (à l'aveugle) qui classent des petits vins méconnus devant de grandes écuries dopées à coup de millions.

Alors? Vous êtes plutôt du genre "buveur d'étiquette" ou "fin limier" finalement? Ne vous en faites pas, quelle que soit votre réponse : vous n'êtes pas les seuls. Et n'oubliez pas : il y a du bon et du mauvais dans toutes les régions (et ce n'est, encore une fois, pas du tout une question de bio ou de pas bio, ce serait bien trop simple). Il faut trier, c'est comme tout. C'est d'ailleurs la raison de l'existence de mon métier.


Sur ce: mes franches salutations à vous les gourmets! A la prochaine!

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